Publié le 05/08/2022

Fonge Sorties

Dimanche dernier, la Société Mycologique du Béarn organisait une sortie à Aussurucq (64) au sud de Mauléon. L’occasion de se promener dans la verdure qui manque un peu par ici. Une bonne vingtaine de  participants dont Brigitte et Jacques Vignot de la Linnéenne de Bordeaux. Bien que la pluviométrie ne soit pas aussi élevée qu’à l’habitude, l’ensemble des participants a récolté environ 120 espèces de champignons. Une bonne révision estivale avant la saison.

La convivialité et la bonne humeur étaient de règle toute la journée !

Une belle tablée de détermination avec Yves Cestac le président de la SMB (en tshirt bleu) à la manoeuvre, secondé, à sa droite, par Brigitte Vignot présidente de la section Mycologie de la Linnéenne de Bordeaux :

Au chapitre des espèces peu communes rencontrées :

Postia fragilis est un polypore blanc qui se tache jaune puis de brun rouge au froissement. Sur bois mort de feuillus.

L’Hypholome radicant (Hypholoma radicosum) est un champignon ‘masqué’. Au premier abord, on croit avoir affaire à un Hébélome tant les lames se colorent peu, l’examen des spores lève le doute. Le chapeau voilé de blanc et le stipe radicant brun ocre sont bien typiques…quand on l’a déjà rencontré !

L’Hippocreopsis rhododendri au nom barbare est parasite d’un champignon (Hymenochaete corrugata) qui se rencontre sur noisetier. Bien implanté dans le Béarn et les Pyrénées, il a été rencontré pour la première fois dans les Landes sous le couvert des boisements humides de vallon en Chalosse en 2019.

Hydropus subalpinus n’est pas répertorié dans les Landes. A rechercher dans les hêtraies de Chalosse ?

Plus fréquent, Ascodichaena rugosa est une espèce qui tapisse les troncs et branches des hêtres ou des chênes. Il aurait un rôle protecteur contre les pathogènes pour les arbres.

Les taches noires sur feuilles de Trèfle et autre Luzerne sont souvent des champignons parasites. Ici, Pseudopeziza trifolii. On aperçoit au centre des taches les parties fertiles du champignon qui produisent et disséminent les spores.

Les champignons parasitent les plantes, les animaux, mais aussi les champignons. Ici Mycogone cervina consomme une Helvelle élastique (Helvella elastica). Il s’agit de la forme immature du champignon qui produit en masse des conidies brun clair hérissées pour coloniser d’autres individus. Il se manifeste par une poudre blanche puis brun rosé tapissant la surface de l’helvelle.

L’Hypoxylon ticinense est très coloré sous sa forme immature et il est difficile de ne pas le remarquer. Il est responsable d’une pourriture blanche des branches de feuillus. La forme mature est plus terne mais sa marge est assez caractéristique. Une observation au microscope le distingue de son sosie H. subticinense.

Les sous-bois est constellé de petites coupes blanches. En regardant de plus près, on constate qu’elles se trouvent fixées sur les rachis dégradés des feuilles de frêne, dans la litière. Il s’agit de la Chalarose du frêne, un parasite redoutable de cette arbre qui décime les populations de frênes en Europe. Originaire de l’est de l’Asie, elle est introduite en Europe vers 1990 par importation de frênes malades. Les spores issues de ces coupelles blanches sont entrainées par le vent et vont contaminer les feuilles et rameaux des arbres environnants. Détectée dans les Pyrénées en 2020, elle y est donc toujours présente.

Nom scientifique de la Chalarose du Frêne : Hymenoscyphus fraxineus

Quelques Myxomycètes sont rencontrés sur les bios morts humides des sous-bois. Ici, Hemitrichia serpula var. serpula qui se présente sous la forme de boudins réunis en réseau. Les filaments qui s’échappent des boudins sont jaunes, les spores également, d’où la couleur de l’ensemble. Les filaments sont recouverts de fils enroulés en spirale autour de la paroi et portent des épines, les spores sont ornées d’un réseau à grandes mailles. L’ensemble est très esthétique au microscope.

Des boules noir-pourpre se rencontrent sur du bois mort de feuillus. Celles-ci sont portées par un pied bien distinct. Il s’agit de Daldinia childiae qui se  trouve fréquemment dans nos forêts riveraines. Les Daldinias présentent des couches concentriques à la coupe.